Rapacité
Nantes - Fresque "rapacité" - rue Corneille
Rapacité, tu n'es pas un vautour, car tu changes en charogne tout ce que tu effleures.
Rapacité, tu n'es pas un hibou, car dans la nuit tu ne traces aucun chemin.
Rapacité, tu n'es pas même une harpie, car aucun dieu ne te conduit.
Rapacité, tu n'es pas de l'espèce des rapaces, amis du vent, des arbres et des rochers, toi qui ne vis et ne prospères que chez les hommes oublieux des vieilles lois de la terre et du ciel.
Rapacité, tu as d'abord doucement cogné du bec à notre porte, et nous t'avons laissée entrer - comme nous aurions laissé entrer notre ombre.
Quand tu as fait ton nid sur nos corps glacés, nous avons cru à ta chaleur.
Tu nous as parlé de profit, nous avons entendu progrès, des deux mains nous avons signé.
Tu as dit que le bonheur était une lourde charge, qu'il nous empêcherait de voler comme toi, alors, lâches enfants de Dédale, nous avons affûté tes serres pour que tu nous saisisses et que tu nous évides avant de nous jeter au vent.
Voilà que tu t'apprêtes à gratter notre espoir jusqu'à l'os. A fouiller dans nos âmes ce qui reste de vie. A épuiser les sources de l'enfance, à digérer tous nos soleils. Et nous arrachons lentement, pour t'en donner la chair déjà pourrie, nos coeurs qui palpitent encore de désir - pour toi.
Rapacité, le plus grand de tes crimes est de te faire aimer de ceux que tu dévores.