Pause
Pause. il paraît que c'est un nom. Comme un autre.
Pause. Pourquoi pas ?
Pause. Assez du courrier quotidien, assez des injonctions, assez des sommations, assez.
Pause. Assez de vos journaux et de vos prospectus. Assez de ce qui passe et de ce qui jaunit.
Pause. Assez d'être d'ici. De n'être pas d'ailleurs. Assez de ne pas être.
Pause. Assez de tout, assez.
Pause. Pouce.
Que je prenne le temps de déjeuner en fête, de m'asseoir à ma table, de parler tête à tête avec ce moi que je délaisse.
Que le temps se suspende et que je me retrouve. Que l'entracte commence et que je me repose. Que la pièce finisse et que j'ôte le masque.
Que l'orchestre se taise, que la musique s'apaise, et que le métronome, dans mon coeur agité, cesse de battre la chamade. Assez des triples croches et même des soupirs. Que règne le silence.
Pause, pause et rien d'autre. Que tous les appareils sur ce bouton s'arrêtent. Interrompez le film, fermez l'ordinateur, faites taire les radios, éteignez les télés. Ces voix infatigables qui agitent le monde, qu'elles soient muettes enfin, et que je sois moi-même.
Pause et un point c'est tout. Qu'on ne dérange pas celui qui, derrière cette porte, a décidé de ne plus ouvrir, de s'immobiliser, de se faire sentinelle en son petit jardin, de méditer, d'attendre, de rêver et de vivre.