Ombre et lumière

Publié le par Carole

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Rue Kervégan - Nantes
 
 
J'ai vu ce mascaron, long visage pensif, que m'indiquait du doigt, au cadran solaire de la rue, l'heure d'un couchant d'automne. Et j'ai aimé ce masque, qu'ombre et lumière se partageaient comme un coeur d'homme.
Ses lèvres impuissantes s'ouvraient pour boire au soleil de la vie, un bref reflet du soir piquait tout l'au-delà dans sa prunelle grise.
Il était jeune, il était vieux ; il était beau, il était laid ; il était pierre, il était or ; il dormait là, mais il rêvait plus loin.
Il souriait au monde, et il pleurait peut-être. Il aurait pu parler, s'il n'avait dû se taire.
Jamais il n'avait cru être qui il était ; jamais il n'avait su être ce qu'on croyait. 
Il avait eu un nom que nul ne disait plus, comme nul bientôt ne dira plus le nôtre.
Il était simplement, à la porte du riche qu'avait ruiné la mort, semblable à tous les hommes.

Publié dans Nantes

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A
J'aime énormément ce mascaron et la façon dont tu le mets en scène avec ton texte.<br /> Il faut parler d'art encore et encore, ne jamais s'arrêter d'essayer de convaincre les gens que c'est mieux d'acheter de l'art que du lard !<br /> Je m'explique: partout les boutiques d'art ferment au détriment de restau, fast food, boutiques de fringues hideuses et éphémères.<br /> Vive la joie de vivre dans la beauté !
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C
<br /> <br /> Oui, on voit ça partout. Mais l'art, je pense que c'est une lutte perpétuelle, depuis les origines.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Les grecs croyaient que leurs dieux étaient dans les statues les représentants, c'est un peu ce qu'à réussi a glisser dans la pierre le sculpteur de ce mascaron et la lumière lui a brièvement<br /> insufflé sa vie.C'est une sorte de vanité qui nous interpelle du haut de sa porte et que vous avez si bien mise en mots.
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C
<br /> <br /> Ombre et lumière se partagent ce visage, comme dans bien des vanités, c'est vrai.<br /> <br /> <br /> <br />
J
C'est cette grande valeur et en même temps cette banalité de la vie humaine qui m'ont sauté aux yeux en descendant du train tout à l'heure. Bonne soirée Carole. Joëlle
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C
<br /> <br /> Oui, il y a des moments où cette évidence quotidienne se change en "révélation". Merci, Joëlle.<br /> <br /> <br /> <br />
L
La délicatesse de la photo est éblouissante! Et ta réflexion sur ce visage qui vécut t'entraîne dans cette vie désormais défunte et à laquelle tu prêtes tant de nuances, Carole, tant de belles<br /> nuances!...
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C
<br /> <br /> Merci, Lorraine. La photo n'était pas difficile à faire, c'est la sculpture qui était difficile à réaliser...<br /> <br /> <br /> <br />
C
Un Janus mystérieux dans l'éternité de la pierre.
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C
<br /> <br /> Janus, mais paisible au coeur de ce quartier qui jadis fut une île.<br /> <br /> <br /> <br />
V
Magnifique. Un texte baroque. Riche, sinueux et contrarié. J'adore !
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C
<br /> <br /> Je suis heureuse que tu emploies ce mot "baroque". J'avais en effet cela en tête. J'ai beaucoup lu Saint-Amant, autrefois, quand j'étais étudiante.<br /> <br /> <br /> <br />
V
Superbe !... J'admire ta faculté de trouver chaque jour un sujet passionnant, avec une belle image, et ton habileté à nous en offrir une illustration poétique toujours pleine d'élégance et de<br /> profondeur.
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C
<br /> <br /> Merci, Valentine. C'est parce qu'il y a des lecteurs tels que toi que je continue...<br /> <br /> <br /> <br />
M
Ou pourquoi les hommes se font toutes sortes de guerres sachant qu'au bout du compte ils subiront tous le même sort!
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C
<br /> <br /> Celui-là, je crois, n'hésitait pas à armer des navires de guerre ou de traite - c'est une ancienne rue d'armateurs.<br /> <br /> <br /> <br />
G
la lumière rasante lui donne un relief superbe
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C
<br /> <br /> Merci, Gérard, pour ce commentaire de photographe... éclairé !<br /> <br /> <br /> <br />
N
Ton oeil et ta plume de poète, encore une fois, m'émerveillent.
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C
<br /> <br /> Merci, Nounedeb. Ton commentaire si gentil, encore une fois, me réchauffe le coeur.<br /> <br /> <br /> <br />
C
Bonjour Carole,<br /> <br /> Je vais écrire le mot que j'ai sur les lèvres: "waouh"!!! Il exprime ce que m'inspire ton écriture.<br /> Ce visage, à la croisée des chemins, est un fascinateur. Tu lui as magnifiquement donné la parole dans son silence intemporel. Il est tout à la fois et je le trouve merveilleusement riche<br /> d'émotions...<br /> Excellente soirée, amitiés<br /> Cendrine
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C
<br /> <br /> Cendrine, une fois de plus, je te remercie pour la chaleur de ton commentaire. C'est bon d'avoir des lecteurs tels que toi. <br /> <br /> <br /> Sinon, je n'ai rien fait que remarquer cette belle oeuvre peu connue à Nantes et rarement photographiée.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Equilibre superbe et éclairage magnifique!
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C
<br /> <br /> Merci, Michèle. la lumière était magique ce soir-là, bien sûr cela n'a duré que quelques minutes.<br /> <br /> <br /> <br />
N
Bonjour Carole,<br /> Visage spécial, comme tu dis il présente plusieurs facettes à la fois. J'aime beaucoup la dernière phrase !<br /> Bises, bonne journée
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C
<br /> <br /> Plusieurs facettes, c'est cela. Quand on remarque les "facettes", tout, même le plus balan, se change en diamant, non ?<br /> <br /> <br /> <br />
J
Bonjour Carole... Mascaron énigmatique, Jean qui soupire ou qui sourit on ne sait vraiment le dire... Merci pour cette jolie prise....
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C
<br /> <br /> Une visage difficile à interpréter, je trouve. J'ai eu l'impression qu'il "concentrait" beaucoup de traits humains.<br /> <br /> <br /> <br />
R
J'aime à considérer - dans le droit fil de la pensée égyptienne antique - qu'il est dramatique que des noms soient ainsi oubliés car, prononcer ne fût-ce qu'une fois celui de ceux qui ont vécu<br /> avant nous, leur permet de continuer à être présent dans la mémoire collective : tous les artistes le savent et, dans notre monde contemporain, tous les auteurs de blogs qui d'article en article se<br /> rappellent au bon souvenir des générations futures l'espèrent également.<br /> <br /> De sorte que je ne suis pas vraiment en harmonie avec votre affirmation qui dit que "nul bientôt ne dira plus le nôtre " : ne faisons-nous pas tout pour qu'il ne soit jamais enfui ni enfoui ?
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C
<br /> <br /> Je crois moi aussi à cette force de l'évocation des êtres (par leur nom, ou autrement), mais ici, force est de constater que le propriétaire de cette splendide demeure, qui s'était<br /> (croyait-il...) "fait un nom", est tombé dans l'oubli. Le sculpteur, lui, n'a pas laissé de nom, mais a laissé cette belle oeuvre.<br /> <br /> <br /> <br />