Les ombres de Fukushima - réédition-
Comme je l'ai fait chaque année, je réédite pour ce 11 mars, cinquième anniversaire de la catastrophe de Fukushima, le poème que j'avais écrit en 2011 à cette occasion.
11 mars 2016 : cinquième anniversaire
A Fukushima, où la mer a emporté tant de corps jamais retrouvés, sans urne, sans sépulture,
à Fukushima, où la mort monte comme une marée lente dans le corps des enfants irradiés,
à Fukushima, les ombres des disparus se posent comme des oiseaux tristes et doux, comme des oiseaux sombres, sur les ombres des vivants,
et ces ombres si courtes, si fragiles, face à la mer immense, face à la mort sans limites,
ces ombres minces et légères qui se pressent aux pieds des humbles silhouettes de là-bas,
s'allongent jusqu'à nous, s'allongent jusqu'ici.
Aujourd'hui, tandis que dans mon petit jardin
d'ici
se forment, aux branches encore glacées du cerisier, les premiers pétales blancs du printemps,
Dans chaque battement de mon coeur j'entends trembler la terre,
Dans chaque pulsation de mon pouls j'entends s'enfler la vague
de là-bas.