Les atlantes
Ils ne sont pas Titans, ces douloureux aux muscles noués par l'éternel effort, ils ne sont pas Atlas, ils n'atteindront jamais au paradis des Hespérides. Ils ne sont rien, que les atlantes, les accablés, les anonymes - les porte-faix du port de Nantes, les esclaves des Antilles, les forgerons de Moisdon, les ouvriers des Batignolles, misérables d'ici, enchaînés de partout.
Impudique et cynique, assise de tout son poids sur leur fatigue, la haute bâtisse élégante qu'ils tiennent à bout d'épaules nous parle avec franchise et netteté : il faut, pour que certains puissent peser, que des vies soient écrasées. Voilà tout, et depuis tant de millénaires nous le savons. Mais c'est bien lourd, quand même.
Nantes - Hôtel Arnous-Rivière