Le visage du trottoir
C'est le soir. C'est en ville. Un artiste anonyme a donné au trottoir un visage de craie.
Façades sans regards. Silhouettes qui s'écartent. Dans la nuit noire et blanche glissent nos pas pleins d'ombres.
"Help me... " murmure le trottoir. Où donc est-il passé, celui qui appelait ? Où s'est-il effacé, ne laissant sur la pierre qu'un visage de craie ?
C'est le soir, il est tard. Dans les rues on se hâte. Mais personne ne marche sur le visage du trottoir. On croirait qu'ils ont peur, les passants sans visage, de fouler ce visage. Un visage anonyme, un si vaste visage. Un visage si large que les nôtres y tiendraient. Le visage d'un soir peinturluré d'espoir - et tombé dans le noir.
Le lendemain, au matin, il avait plu si fort
sur la craie sur la pierre
qu'il ne restait
plus rien.