Le transformateur
Transformateur - château de Fougères
Un transformateur, ce n'est pas beau - c'est ce qu'on avait dit sans doute.
Aussi, puisqu'il était si laid, qu'il fallait le cacher, avait-on décidé de... le transformer. On avait convié un peintre, qui avait posé des fleurs sur ce décor de métal, et un poète, qui y avait inscrit des paroles étranges et musicales, placées sous le double signe du soleil et des fleurs de genêt. C'était tout simple, et c'était si beau désormais qu'un lierre s'y enroulait comme un coeur amoureux.
Toute oeuvre d'art n'est-elle pas semblable à ce transformateur ?
Un bouquet posé sur ce qu'on ne veut pas regarder, un rayon de soleil éclairant le métal, un arbuste poussant là où rien ne semblait devoir pousser. Et brusquement on regarde. Et tout à coup on s'aperçoit que ce qu'on voulait oublier, que ce qu'on dédaignait tant, que ce qu'on croyait ne pas aimer, par l'étrange et si simple pouvoir de la Beauté qui ignore ce qu'est le beau, s'est transformé, que cela grimpe dans notre coeur comme un lierre heureux, et qu'on est pris comme aux fleurs du genêt à ce balai magique qui remue sur la terre tous les éclats du soleil, toute la poussière des étoiles.