Le pylône et la lune
Parfois, la lune se pose sur leur tête. La lune, ou le soleil. Parfois même une comète qui passe. Alors, les longues portées de câbles suspendues à leurs bras font entendre d'étranges accords. Pylône électrique - rue Jules Grandjouan - Nantes
Quand j'étais enfant, je suivais toujours des yeux, longuement, le défilé des pylônes électriques, au bord de la route, quand nous roulions vers la ville. Il me semblait toujours voir des géants fouler le sol de leurs grandes enjambées de faucheux, soutenir de leurs larges bras de fer des rails étranges où circulaient des trains de brume chargés d'invisibles trésors. Aux abords de la ville ils se pressaient nombreux, hâtifs, et quand on passait au-dessous d'eux, en descendant de la voiture, sur le parking du centre commercial, ils vibraient et faisaient trembler l'air. Quand nous repartions, à la nuit, vers notre village, leurs grandes mains éclairées, de loin, nous faisaient signe. Il me semblait que, comme Atlas, ils soutenaient des mondes. Et ce n'était pas faux.