Le perron vert
J'ai toujours aimé les perrons. Ces grandes volées de marches plantées en plein trottoir pour nous faire trébucher, ou pour nous inviter, me fascinent et m'arrêtent, quand passante je passe.
Ce perron-là, avouez-le, était exceptionnel. Immense – et vert. D'un vert un peu turquoise de ciel tendre, d'un vert doux de mer calme, de ce vert presque bleu qui veut dire espérance. Quelques herbes poussaient à ses pieds, retenant le printemps.
On se disait, en voyant les marches si vertes, qu'elles avaient été grises, évidemment. Qu'il y avait encore des gens pour repeindre le monde en beau. Et qu'alors on pouvait y croire, après tout, à ce vert presque bleu qui grimpait vers le ciel en ondulant comme une vague. Qu'on aurait pu vivre là-haut mieux qu'ailleurs.
Peut-être.