A l'endroit, à l'envers
Tout à l'heure en rentrant j'ai croisé dans les rues le joli carnaval des enfants – le carnaval du mercredi, réplique en miniature du grand carnaval du dimanche.
J'ai photographié au passage cette cantine joyeusement achalandée, qui fournissait aux petits fantassins de la fête des bombes et des épées à bulles, un arsenal de confettis et de ballons à lancer sur la ville.
Qui donc a dit que le carnaval est le monde à l'envers ? Il m'a semblé plutôt que c'était le monde à l'endroit. Celui où l'on ne guerroie que pour rire, où l'on ne tremble que de joie, où l'on ne crie que d'espérance, dans les villes dont les rois tout à coup sont devenus des enfants.
Seulement le monde est si maladroit. Il saute, il danse, il cavalcade, il rebondit, il s'en donne à coeur joie sur les grands chars du carnaval... – mais toujours il trébuche et retombe à l'envers, rouge et le front bosselé de cornes.