Le jeune arbre

Et puis, l'âge venant de n'être plus arbrisseau et de faire sa vie dans le peuple des haies, il s'était résigné. Il était rentré dans le droit chemin - celui qui n'est jamais tout à fait droit, mais qui oblige à se tenir, à s'aligner et à marcher à l'ombre. Le général Automne l'avait soumis et dépouillé comme un autre, et, comme un autre, il s'était laissé, sans mot dire et sans courber l'échine, arracher ses galons de printemps. De son incartade domptée, il avait gardé cependant un petit air faraud, un penchant de tristesse, une ombre d'incertitude, une poussée de colère, quelques bourgeons de joie légère, et un brin d'insouciance. Il avait une allure très humaine en somme.