Le jardin de toutes les vies
Quand le maître fut devenu tout à fait vieux, il quitta la cour impériale, et revint, seul et sans bagages, sur la petite île de Yumeshima où avaient vécu ses ancêtres. Dans le pavillon qu'il avait hérité de son père, il s'installa parmi ses livres et ses estampes, et s'appliqua à concevoir un jardin.
Il réfléchit longtemps, trempa souvent son pinceau dans l'encre, au creux de la pierre à broyer. Il dessina sur la soie des arbres emplis d'oiseaux et de filets de ciel, des ponts suspendus par-dessus des abîmes, des passerelles délicates où de jeunes femmes se promenaient sous leur ombrelle, des maisons de papier où vivaient des vieillards avec des enfants, et des temples de bois vernis peuplés de dieux qui n'avaient pas de nom. Et puis encore des animaux et des fleurs, connus et inconnus, des plaines et des montagnes escarpées, de douces collines où s'étirait le temps, de vastes étendues de pierres méditatives, des étangs miroitants. [...]
Suite du récit à lire sur mon blog cheminderonde.wordpress.com