La méduse

Publié le par Carole

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Elle flottait entre deux mondes, cette méduse. Transparente et molle comme l'eau, elle était un morceau d'océan, une incarnation pâle de l'infini, elle appartenait encore au troupeau fabuleux de ces créatures ondoyantes qui dansent, loin des regards humains, au ventre bleu des mers profondes... Poussée vers le sable gris, souillée par la lumière, tentée par l'échouage, elle était déjà la créature répugnante, urticante et puante, redoutée des baigneurs, qui allait pourrir sur la plage, laide et flasque, méprisée même des mouettes avides.
 
Je l'ai regardée un moment lutter, embrassée doucement par la houle, reculer, revenir, s'approcher lentement du rivage.
Elle est venue s'échouer enfin.
 
Il y a dans toute vie de ces moments d'hésitation. De ces lentes défaites. Rien de plus troublant, à chaque fois, que de se demander si le poids des regrets aurait pu infléchir la direction de la vague, ou si, au contraire, c'était le poids de la tentation qui conduisait la vague.

Publié dans Fables

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E
Une belle réflexion que j'aime beaucoup.<br /> Cette méduse que l'on admire au fond de l'océan , nageant avec grâce devient un rejet que l'on méprise quand elle s'échoue par manque d'aide .<br /> Notre société est ainsi faite.<br /> Belle soirée Carole
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V
La vague qui hésite ! Belle réflexion encore...
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C
"Méduses, malheureuses têtes<br /> Aux chevelures violettes,<br /> Vous vous plaisez dans les tempêtes<br /> Et je m'y plais comme vous faites." Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée, Apollinaire.<br /> La méduse aime le roulis de la vague !
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E
ta splendide créature aquatique, qui devient opaque et laide sur le sable me fait penser à l'albatros, et au delà à tous les déracinés de la vie “ Exilé sur le sol au milieu des huées, ses ailes de<br /> géant l'empêchent de marcher.”
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C
<br /> <br /> Oui, on peut les comparer. Mais alors une toute autre réflexion s'engage.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Une bien belle image et une observation attentive de la vie et des êtres vivants!
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Z
c'est quoi déja le nom de cette "science" des signes et des synchronismes....<br /> attaté!
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C
<br /> <br /> Exact !<br /> <br /> <br /> <br />
F
Que penser de cette créature? Elle est telle que la nature à voulu qu'elle soit et je ne pense même pas qu'elle se demande si telle ou telle vague la poussera vers sa destinée! Elle "est" puis elle<br /> "n'est plus"!! seul l'humain la considère comme une créature méprisante et inutile, je ne le crois pas car rien n'est inutile même le futile!!! BISOUS FAN
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C
<br /> <br /> En effet. Mais je voulais plutôt comparer les humains à la méduse que l'inverse.<br /> <br /> <br /> <br />
N
Belles méduses. Notre avantage sur elles? Pouvoir donner, au moins, un petit coup de barre pour infléchir notre route, même si on se laisse aller au courant...
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A
Quand on est roulé, submergé, malmené par la vague des regrets rien ne sert de résister...Il faut accepter "d'échouer", seule, sur la plage et d'attendre la prochaine vague qui ramènera la vie... (<br /> plus facile à dire qu'à faire cependant!)
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J
La méduse urticante a des regrets<br /> la méduse bleue n'a peut-être que de bons souvenirs, elle est rêveuse et fière d'être la nourriture des poissons lune.<br /> Carole, je suis médusée par ton texte.
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R
Et si nous étions simplement le nautonier de notre vie ?<br /> Plutôt qu'attendre la vague ?
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C
<br /> <br /> Je vous reconnais bien là, Richard le volontaire. Je blague, mais c'est vrai.<br /> <br /> <br /> <br />
A
C'est parfois aussi au moment ou on admet sa défaite que la vague nous rend à la vie...
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C
<br /> <br /> Oui, on se remet parfois "à flot". <br /> <br /> <br /> <br />
J
Je n'aurais dit mieux, merci Carole...
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