L'arbre des rues
Vers d'Yves Bonnefoy - fresque de Pierre Alechinsky
Cela avait quelque chose d'émouvant, cette grande tache noire, cette longue brûlure de mousses et de suies urbaines, qui justement était venue souiller et déchirer les beaux vers célébrant, "même déchiré, souillé", l'arbre des rues qui suffit au bonheur.
Sur les mots à demi effacés se posait tout le ciel, et le vent y bougeant remuait doucement ses ailes d'oiseau bleu.
Dans ce monde où le noir l'a toujours emporté sur le jour,
les bras si frêles de nos arbres en prière,
et les paroles envolées des poètes
disent le même espoir :
- qu'il soit éternité,
qu'il se suffise,
l'élan fragile.