L'arbre de Noël
Rue de tous les commerces, dans la joie scintillante et factice du marché de Noël, sous l'étendard municipal des fêtes obligatoires, l'arbre se tenait droit dans sa beauté native.
Au milieu de ses frères d'avenue, ces noirs vaincus aux bras de branches nues, il avait seul gardé sa parure de feuilles. Seul il avait, dans l'hiver et le froid, contre toute raison, conservé ses habits de vivant. Dans la nuit bleue que glaçait la pluie lente, il dansait immobile, niant tranquillement tout ce qui nous défait, tout ce qui nous abaisse. Plus loin que les ciels morts pendus aux réverbères, plus haut que les forêts de leds, plus lumineux que les boutiques habillées de guirlandes, il indiquait la route claire, le grand chemin de vie qui traverse le temps, ignorant de l'argent, des usages et des jours.
Le voilà, ai-je pensé, le véritable esprit de la fête. Le voilà, celui qui nous parle d'espoir. Le voilà, celui qui accroche à nos coeurs l'étoile du matin. Le voilà, le messager de liberté, l'arbre au feuillage de lumière et de joie.
Le voilà, l'arbre de Noël.