Espérance, patience et persévérance
Aujourd'hui, un petit conte. De rues et de vertus, de mots qui passent et qui racontent.
Au début était Espérance, la douce, la céleste, la toute bleue, qui rêve dans le ciel, que les nuages entraînent :
Hélas ! La vie la dure vie étant ce qu'elle doit bien se résigner à être, Espérance pâlit, Espérance gémit. Il fallut lui adjoindre Patience. Patience la fidèle, Patience la toute bonne, l'ange qui veille et qui console :
Mais la vie l'âpre vie étant décidément ce qu'elle s'acharne à être, Patience s'usait vite, Patience s'épuisait, et l'on dut embaucher pour l'aider la rude Persévérance. Persévérance la douloureuse et la crucifiée, Persévérance la rugueuse la lutteuse la courageuse, qui toujours se redresse et toujours ressuscite :
Alors, s'appuyant sur l'aile blanche de Patience et sur la large épaule de Persévérance, Espérance put vraiment commencer à grandir, à bourgeonner et à feuillir, à surgeonner et à multiplier :
Ainsi put enfin naître Réussite. Qui jamais ne brilla, jamais ne bling-blingua. Modeste Réussite, haute et solide mais déjà prête à s'effacer. Perchée comme un vrai nid au sommet de la haie pour que puissent à leur jour s'envoler dans le vent les lendemains qui chantent :
J'ai aimé parcourir ces rues humbles et tranquilles, à l'écart de la ville, ces rues calmes et bavardes contant la vieille histoire d'Espérance, de Patience et de Persévérance, lentes vertus du Temps, qui s'en vont leur chemin au rythme de la Vie.
Si souvent nous bousculent Impatience et Urgence, dans les décombres du Présent, que nous pourrions les oublier, tandis que nous courons, exténués, affolés, déjà vaincus.