Escargots
Qui donc avait réuni, sur le pavé pluvieux, ces deux tout petits escargots, sinon le printemps revenu, le désir éternel de perpétuer l'espèce, et, par-dessus tout, cette pensée partout présente, qu'on appelle harmonie ?
L'un et l'autre. L'image et son reflet. Le jaune et l'orangé. Celui qui couchait sa coquille à l'ouest, celui qui la penchait vers l'est. Celui qu'avaient piqué les ronces de la vie, celui qu'auréolait la transparence du premier jour. Celui qui se rayait de noir, celui qui se marbrait de blanc. Deux bijoux symétriques, lavés de couleur et de pluie, humbles trésors en cercle sur l'écrin sale du trottoir.
Dans le matin gris de la ville, dans le vacarme de la rue, cette spirale colorée, à sa façon s'enroulait, minuscule et fragile, au fil perlé de l'infini.
On chante aux enfants du Japon une comptine tournoyante, comme le sont partout les comptines, qui demande à l'escargot de montrer sa tête, ses cornes, ses lances, et puis ses yeux qui sont comme des globes... C'est tout simple, et c'est profond peut-être.
Escargot, laisse-nous regarder, au fond de tes yeux ronds, comment tournoie le monde.