Destination père Noël
Voilà, c'est fini, et l'on va retirer la boîte. Peut-être même qu'on l'a déjà déshabillée de ses guirlandes, décrochée et rangée.
Je suppose que certaines lettres sont arrivées, et qu'on a envoyé en retour des colis bien garnis.
Mais les autres, celles qui se sont perdues dans les ombres du deuil, dans les scories de la douleur, dans les soutes de la misère, les autres, qu'est-ce qu'on en a fait, là-bas ?
Et celles qu'on envoie tous les jours, dans ces bouteilles sales qu'on rejette à la mer, dans ces grands cris muets qu'on lance au vent hurleur, qu'est-ce qu'on en fait, de celles-là, dans les coins sombres où elles s'égarent, lasses et froissées, effacées, résignées ?
Peut-être qu'on les entasse, après tout, quelque part, petits tas de feuilles sèches, pétales de coeurs fanés, et qu'on les garde, pour plus tard. Pour que l'on se souvienne. Larmes à conviction. Que l'on sache pourquoi il faudra bien le faire exister, un jour, ce Père Noël.