Chaussures d'ange
J'aurais bien aimé en acheter, des chaussures d'ange, avec ma carte bleue.
J'aurais poussé la grille qui m'écartait du ciel, et je serais entrée.
A l'ange revêtu de rouge et de mystère qui m'aurait accueillie, j'aurais demandé sans vergogne :
des mocassins en peau de nuage, pour aller tout là-haut sur la piste du temps.
des bottines en satin d'aurore, pour rentrer au matin les longs troupeaux d'étoiles,
des ballerines à boutons de strass, pour briller au zénith,
des escarpins en velours du soir, pour tirer les rideaux du couchant,
des pantoufles de verre, pour danser seule au bal des nuits d'été songeuses.
Je les aurais choisies à ma pointure humaine, mes chaussures d'ange, et, sur le fil ténu qui mène à l'autre monde, j'aurais esquissé quelques pas d'espérance.
Mais la boutique était fermée. Fanée. Empoussiérée. Abandonnée. Définitivement.