Blanche neige
6 février 2012
Il avait neigé. Dans la paix retrouvée, on entendait craquer des branches. En traversant le jardin pour gagner la rue, j'ai vu que j'avais emprunté le même chemin qu'un oiseau.
Puis les petites traces ont cessé : cet oiseau que je ne connaissais pas, mais qui habitait comme moi la ville, s'était envolé. Nos directions, un moment rapprochées par la neige, avaient à jamais bifurqué ; j'étais à nouveau seule, lourdement attachée à la terre glacée où mes pas se creusaient une route crissante. Je ne sais pourquoi, cela m'a rappelé une histoire que je venais de lire dans le journal du matin. Une histoire très simple, naïve comme un conte. La veille, dans la lointaine et peut-être si proche Croatie, une jeune femme que le médecin n'avait pu atteindre dans son hameau de forêt coupé du monde par la neige et la glace, avait donné le jour, seule, à une petite fille aux cheveux noirs qu'elle avait appelée Blanche-Neige. Snjezana. J'ai pensé à cette petite fille aux cheveux noirs portant un nom si blanc. L'hiver elle marcherait dans la neige, son pas chercherait le chemin des oiseaux silencieux. Longtemps elle serait l'enfant du conte. Puis les chemins bifurqueraient. Elle quitterait la forêt pour la ville, comme si jamais, jamais elle ne s'était appelée Blanche-Neige. Snjezana. Tous, un jour, où que nous soyons nés, nous avons été l'enfant du conte, avant de piétiner dans la boue de nos rues. Et quand tombe la neige, si rarement, si peu de temps, nous nous souvenons.
Puis les petites traces ont cessé : cet oiseau que je ne connaissais pas, mais qui habitait comme moi la ville, s'était envolé. Nos directions, un moment rapprochées par la neige, avaient à jamais bifurqué ; j'étais à nouveau seule, lourdement attachée à la terre glacée où mes pas se creusaient une route crissante. Je ne sais pourquoi, cela m'a rappelé une histoire que je venais de lire dans le journal du matin. Une histoire très simple, naïve comme un conte. La veille, dans la lointaine et peut-être si proche Croatie, une jeune femme que le médecin n'avait pu atteindre dans son hameau de forêt coupé du monde par la neige et la glace, avait donné le jour, seule, à une petite fille aux cheveux noirs qu'elle avait appelée Blanche-Neige. Snjezana. J'ai pensé à cette petite fille aux cheveux noirs portant un nom si blanc. L'hiver elle marcherait dans la neige, son pas chercherait le chemin des oiseaux silencieux. Longtemps elle serait l'enfant du conte. Puis les chemins bifurqueraient. Elle quitterait la forêt pour la ville, comme si jamais, jamais elle ne s'était appelée Blanche-Neige. Snjezana. Tous, un jour, où que nous soyons nés, nous avons été l'enfant du conte, avant de piétiner dans la boue de nos rues. Et quand tombe la neige, si rarement, si peu de temps, nous nous souvenons.