Au Petit Paris
Dans la petite ville où j'ai passé ma jeunesse, un magasin de nouveautés provinciales portait l'enseigne du Petit Paris.
Au Petit Paris.
Je crois que dans toutes les villes de province, à cette époque, il y avait un Petit Paris, non loin du coiffeur Diminu-tif, de l'auberge de l'Espérance, du bazar Au Gagne Petit et du café Ma Toc'Ade.
Nantes, essence même de la Province, s'est faite toute entière Petit Paris - avec sa statue de la place Royale qui est le calque de la statue de la place de la République, son pont de la Motte rouge, réplique du pont Alexandre-III, sa statue de Louis XVI en guise de colonne Vendôme, sa tour de Bretagne imitant les tours de la Défense, ses Cours Saint-Pierre et Saint-André figurant le Champ de Mars, son île Feydeau petite soeur de l'île saint-Louis, son île de Nantes en île Seguin, ses boulevards à Maréchaux, son hippodrome comme à Vincennes, et puis, bien sûr, son bâtiment de Jean Nouvel.
Ce côté Petit Paris, ridicule et charmant comme les chapeaux de ma grand-mère, vieille dame élégante à l'accent de fermière, modeste et impérieux comme un capitaine en retraite, c'est un des traits de la Ville que je préfère.
Cette ville est un monde. Elle est le monde. Elle a tout à fait raison de le croire.