Attente
La nuit allongeait dans les rues son grand corps de velours. La pluie sur le trottoir sanglotait en ivrogne. Je me hâtais de fuir.
Et voilà que ce mot est venu à ma rencontre. Attente. Un mot rêveur et lent, qui flottait devant moi, fantôme à la fenêtre. Attente. Toujours ce mot m'avait accompagnée, et maintenant il était là, vert et ténu comme l'espoir, m'appelant doucement sous la lampe du soir.
Puis quelqu'un a éteint la lampe. La nuit la pluie mes pas en fuite. Je n'en saurais pas davantage.
C'était comme un tableau d'Edouard Hopper, ai-je pensé ensuite. Quand on reste derrière la vitre, arrrêté sur le seuil, que rien n'a commencé, qu'on ne sait pas encore, que déjà tout se fige. Attente.