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La route de Merlette

Publié le par Carole

Récit à lire sur mon blog de nouvelles cheminderonde.wordpress.com

Publié dans Récits et nouvelles

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L'ergate forgeron

Publié le par Carole

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   Je l'ai trouvé dans mon jardin il y a quelques jours... C'est une sorte de capricorne, un longicorne, insecte sombre et de grande taille, qui se nourrit de bois mort. Je l'ai posé sur un morceau de papier pour mieux l'observer. Puis j'ai sorti mon guide des insectes. Après réflexion, j'ai décidé que c'était un ergate forgeron - je me suis peut-être trompée...
   On disait dans le guide que ces insectes sont cruels et se dévorent entre eux. Qu'ils mordent aussi, sauvagement, le doigt des imprudents qui les ramassent à terre...
   Mais devant moi, sur le morceau de papier, mon sombre forgeron était aussi vulnérable sous sa carapace qu'un chevalier français prisonnier de sa lourde armure, à la bataille de Crécy. Et il agitait ses si longues antennes avec la délicatesse d'un funambule maniant son balancier au-dessus du vide. J'ai retourné la feuille. Il est tombé sur le dos, posant sur son ventre ses pattes en croix, résigné à mourir, aussi pitoyable que le pauvre Gregor Samsa de La Métamorphose.
    Soldat et cannibale, forgeron et artiste, vaincu agonisant, il était tout cela. Terrible, splendide, et tellement fragile... Semblable, en somme, à chacun d'entre nous - qui nous disons humains.
    J'ai mieux compris Kafka.
   J'ai mieux compris Linné aussi, s'ingéniant à décrire et à nommer le monde, pour rester, au-dessus de la mêlée grouillante des bêtes et des plantes, le savant et le maître.
    Et j'ai remis sur ses pattes, déesse magnanime, mon longicorne, pour qu'il s'en retourne à sa vie d'insecte.

Publié dans Fables

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Belle vie

Publié le par Carole

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    Longtemps, passant près de cette maison de moellons, j'avais levé les yeux, confiante, vers le cartouche où son nom est inscrit. Car c'est une villa du temps où l'on donnait aux maisons des noms, comme aux châteaux, afin d'y enclore son Eden.
   J'avais toujours lu "BELLE-VIE" sur les grandes majuscules antiques à demi effacées, et je trouvais cela charmant, "BELLE-VIE", sur le front paisible de cette vieille villa solidement bâtie de moellons, mûrie et ravinée comme un fruit oublié, en son petit jardin d'où dépassait un vieux pommier. "BELLE-VIE" malgré l'âge venant, "BELLE-VIE" malgré les voies ferrées et le carrefour bruyant. "BELLE-VIE" malgré tout, contre tout, à cause de tout.
    Depuis plusieurs mois je n'étais pas revenue dans ce quartier de la périphérie.
  Il y a quelques jours je m'y suis retrouvée par hasard. La maison de moëllons n'avait pas disparu encore. Elle surplombait ce soir-là un chantier poussiéreux hérissé de gravats et de tractopelles. Devant la fenêtre où les ombres agitaient leur long visage de camarde, le vieux pommier, mort, se couvrait d'un linceul gris de lichen. J'ai voulu sottement m'approcher, lire de plus près, avant de repartir, la promesse heureuse d'autrefois...  
   Alors je me suis aperçue que que je m'étais toujours trompée : car non, cette villa ne s'appelait pas, ne s'était jamais appelée "BELLE-VIE", mais simplement, dérisoirement, courageusement, obstinément, dans ce coin laid où la ville fait sa mue et revêt lentement sa peau grise de banlieusarde : "BELLE-VUE"...
    "BELLE-VUE", après tout ce n'était pas si mal. "BELLE-VUE", tellement mieux que rien. 
   Mais comment avais-je pu me tromper si longtemps ? Et puis, est-ce que cela existait, quelque part, est-ce que cela pouvait seulement exister, est-ce que cela pouvait même sérieusement s'imaginer sur cette terre, un lieu qui se serait appelé "BELLE-VIE ?
 
    Je me suis éloignée, nostalgique. Une dernière fois je me suis retournée. Un rayon très doux du couchant éclairait obliquement les hautes lettres étroites, et j'ai lu à nouveau, très distinctement, comme si cela avait été gravé au burin de patience ou d'illusion dans mon propre coeur obstiné : "BELLE VIE".

Publié dans Fables

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Le vase d'opaline

Publié le par Carole

Récit publié sur mon blog wordpress. A lire ici
http://cheminderonde.wordpress.com/2013/07/03/le-vase-dopaline/

Publié dans Récits et nouvelles

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Par quatre chemins

Publié le par Carole

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      "Je laisse aux nombreux avenirs (non à tous) mon jardin aux sentiers qui bifurquent."
(J.L. Borges, Le jardin aux sentiers qui bifurquent)
 
 
   Ce n'était pas vers cette boutique que mon chemin sinueux m'entraînait... mais je me suis arrêtée un instant. L'appel était si franc, si joyeux, et si juste.
 
    Oui, où que nous allions, allons-y par quatre chemins. 
    De chaque carrefour faisons notre chemin de ronde.
    Il n'y a dans nos coeurs que sentiers qui bifurquent
    Et sur les routes droites c'est la vie qui s'égare.

Publié dans Fables

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Icare

Publié le par Carole Chollet-Buisson

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"Icare...", ai-je pensé...
C'était, au-dessus d'une plage chargée de baigneurs en maillots, un homme habillé d'un T-shirt et chausé de tennis, emporté par une aile de nylon... et pourtant j'ai pensé "Icare..." - tant il est vrai que les vieux mythes guident toujours nos pensées d'aujourd'hui.
Peut-être est-il rassurant de constater qu'un passant d'une plage moderne parle la même langue encore que les aèdes antiques, et fouille obstinément le même coffre aux histoires.
Peut-être est-il au contraire effrayant de se dire que deux ou trois mille ans ont pu s'écouler sans que rien n'ait changé, au fond, puisque sur tant de réalités nouvelles on ne pose à jamais que des schémas anciens, et des pensées millénaires.
Je ne sais.
Je sais seulement que nous avons besoin des mythes parce que nous avons besoin d'histoires. Qu'il n'est pas possible à un humain de penser ou de regarder, sans changer aussitôt en récits ses pensées, ses regards. Et que jamais sur la terre les hommes n'ont volé, navigué, possédé, détruit, inventé ou conquis, que pour se raconter des histoires, de très vieilles histoires, qu'il leur fallait écrire, et réécrire, avec la fragile matière de leurs vies, toujours nouvelles, de mortels.
Nous sommes des êtres de récits. Nous sommes les enfants des mythes.

Publié dans Fables

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Le voyage de monsieur Piloquet

Publié le par Carole

    Monsieur Piloquet s'était planté comme un arbre maigre au milieu des poiriers, les deux pieds dans la boue. La main en visière sur le front, il scrutait attentivement le ciel... [cliquer pour lire la suite]
http://cheminderonde.wordpress.com/2013/06/30/le-voyage/

Publié dans Récits et nouvelles

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