Sous les feuilles
Si souvent, c'est ainsi qu'on grandit, incertain et timide, sous le couvert tranquille des ombres protectrices serrées comme des mains sur tous les coeurs qui n'osent.
Il faut tant de courage, ensuite, pour tourner vers le ciel son visage enhardi, et tant de cruauté, pour froisser de ses poings le nid tendre des feuilles et la soie des ombrages,
se dresser solitaire
être soi-même enfin
mortel et invincible
lumineux et fragile
ouvrir les yeux sans crainte
à l'instant éternel
où se fane et fleurit
la vie
la vie
la vie
suspendue dans le temps
comme une fleur sans tige
suspendue dans le vide
et roulant vers le rien
comme un grain de rosée
sur la peau du matin.