Faire la circulation
Ce matin, au carrefour, devant l'hôpital psychiatrique, un homme vêtu de blanc fait la circulation.
Il agite ses bras comme la rose des vents, dans son sifflet d'enfant il souffle comme un dieu des ordres nuageux.
Les voitures le frôlent, un souffle d'au-delà dépeigne ses cheveux.
Ses bras tournent en rond, en ailes de moulins.
Il est aussi grand, aussi maigre que Lui.
Le monde est fou, et il est fou.
Mais les voitures galopent où il ne voudrait pas. Le chaos tient la corde et le chaos l'emporte, et le chaos hennit de fureur et de joie.
Accablé brusquement, l'homme renonce et se fige. Ses manches restent en croix un instant suspendues - deux voiles blanches qui n'ont plus d'horizon. Puis se replient vaincues, en pattes d'araignées.
De quel royaume est-il le fou toujours fait mat,
celui qui veut que le monde ait un sens ?