A sac
Mais qui donc - passant blagueur ou employé farfelu ? - qui donc avait eu l'idée de ce décor étrange, qui donc avait organisé là-haut cette curieuse mise à sac ?
A coup sûr celui-là avait lu dans son enfance ces histoires de Picsou où un vieil oiseau déplumé, aussi cupide et hargneux qu'un humain, transporte ses piscines de $$$$ dans de grands sacs à noyer le bonheur, sur lesquels, esclave de lui-même, il lui faut veiller nuit et jour - car gare - argh... grrrr ! - aux sombres Rapetout.
Sans doute en effet devrions-nous plus souvent nous rappeler ces bandes dessinées de notre enfance, et nous souvenir, quand nous rêvons sottement d'épargner pour plus tard, qu'aucun avare n'entassa jamais que des bulles - Oups !? - qu'effaça toujours le mot FIN - Couic !
-Et qu'on n'empoignera plus son pognon, et que le pèze ne pèsera plus rien de rien, quand on n'aura que les os sur la peau ? Tout de même... qu'un banquier nous le dise...
-Un banquier, pourquoi pas ?
Quand je suis repassée, l'ara s'était envolé.
-Peut-être s'était-il souvenu qu'il était aussi bleu qu'un ciel en joie...
-Et qu'il savait voler !
-Et les sacs ?
-Sans doute s'étaient-ils renversés, conformément aux lois de la gravitation universelle, pour aller s'éventrer sur le sol - Boum ! Craac !! Pschiitt... - révélant aux passants ébahis leurs entrailles de paille.
-Il n'y avait donc vraiment rien dans ces sacs ?
-Il n'y a jamais rien.
-Mais ce rien, au moins reconnaissez-le, ce rien-là est si lourd...