Un petit air de fête

Publié le par Carole

Un petit air de fête
Ce soir, c'est jeudi, et je rentre un peu tard. A mesure que nous traversons les quartiers, la rame se remplit de femmes en costumes africains somptueux, des femmes de tous les âges, qui bavardent, et paradent, se saluent et s'embrassent, et bavardent, et paradent, toutes fières et joyeuses.
Des femmes, rien que des femmes, sans cabas, sans enfants.
Toutes seules. Et ensemble. 
 
Je descends avant elles, c'est dommage. Je serais bien restée. Je serais bien allée - mais où donc ? - avec elles... Peut-être que mes habits noirs et gris se seraient retrempés de couleurs, au contact des leurs ? Peut-être que mes rides se seraient évanouies en fous rires, dans le frou-frou des boubous ? Peut-être que j'aurais réappris à danser, à papoter, à m'amuser ?
 
Mais j'ai un bus à prendre.
De la rame suivante, je vois descendre deux autres femmes en costumes richement colorés. C'est nouveau, sans doute, pour ces deux là, ce voyage, elles sont un peu tendues, elles n'étaient pas dans la bonne rame, et elles se sont trompées d'arrêt. Elles voudraient remonter - non, c'est trop tard. Tant pis, elles attendront le tram d'après. Mais pourquoi donc est-il si long à venir ? Elles regardent leur montre, elles ont peur d'arriver en retard, on dirait, les nouvelles, elles ne bavardent pas comme les autres.
 
La joie de se retrouver, l'anxiété de la première fois. Il y a vraiment ce soir sur la ligne 1 du tram un petit air de fête.

La fête des femmes en boubous chics qui sortent tard le soir. Un soir
Dans les quartiers.
Rien qu'entre femmes.
Ensemble. Toutes seules.
 
 

Publié dans Nantes

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M
Cette malheureuse histoire me rappelle les jours où j'étais étudiant à Casablanca et je devais prendre 4 (quatre) différents bus pour arriver à la fac. Je devais quitter la maison très le matin pour un trajet d'environ 30 km, 5 jours par semaine. Le résultat, vous pouvez le deviner, j'ai redoublé cette année.
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C
Heureusement, je ne mets pas aussi longtemps. Je comprends que vous ayez eu des difficultés à étudier dans ces conditions.<br /> Mais les transports en commun (avec modération...) ont, je trouve, l'avantage de nous "obliger" à des rencontres que nous ne ferions pas.
L
J'adore le commentaire de Mansfield et celui d'Almanito. Tout y est dit.
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J
Un train d'avance...
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Z
je passe nettement moins souvent, il est vrai, mais ce que je lis est magnifique (toujours)
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C
Merci Zadddie, tu sais que j'apprécie toujours tes visites.
M
J'imagine l'ambiance bon enfant, les rires, les cris, les chants. Tout ce qui manque à nos journées moroses. Et moi qui vends des antidépresseurs, je peux assurer que je n'en vends pratiquement jamais à des africains!
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Q
Merci pour ces très belles rencontres.<br /> Où qu'elles aillent, j'imagine la suite de la soirée, les rires, les chants, les partages.<br /> Passe une douce journée.
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L
Merci pour cette ambiance particulière, finement observée et ciselée.<br /> Loïc
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P
C'est amusant, j'en ai vu une à Lyon hier, dans le métro, la même robe que celle qui est debout de dos sur ta photo. On s'est retrouvées toutes les deux dans l'ascenseur je l'ai félicitée sur sa robe. Peut être que c'était un jour particulier pour elles, il fallait leur demander. :)
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A
Si tu étais restée elles t'auraient acceptée, la couleur est aussi dans leur coeur.
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