Demain printemps
J'étais au supermarché tout à l'heure.
C'était un soir comme les autres, un soir de fatigue et de foule, au retour du travail.
Un soir à pousser mon chariot, comme on pousse les jours que plus rien ne distingue des nuits.
Soudain, devant la boutique du fleuriste, j'ai vu éclore cette grande ardoise :
Aujourd'hui
St Joseph
Demain
Printemps
Printemps ? Demain ?
Dire que j'avais oublié, complètement oublié.
Demain ? Printemps ?
Bien sûr : demain !
Demain printemps.
Dans les allées encombrées de chariot, saturées de musique commerciale et de lumières criardes,
il y a eu soudain comme un parfum de jonquilles, de lilas bleus et de confettis envolés.
Comme un balancement de mimosas en fleurs dans la valse du vent.
J'ai reconnu le trait de craie figurant l'hirondelle, au coin du tableau noir.
La vieille porte blanche ouvrant sur le jardin où le chat dort à l'ombre...
Oh, cette barre du t hissée sur son printemps comme un store au soleil, qu'elle était donc heureuse, et qu'elle s'envolait loin dans son bruit de drapeau, sur l'ardoise du fleuriste !
Aujourd'hui, St Machin, sur le calendrier où les jours se chiffonnent une page après l'autre, avant de retomber jaunis aux poubelles du temps.
Mais demain ?
Ah, demain !
Demain !
Demain printemps !