La rose sous la neige
La neige. Ce silence quand elle tombe. Cet enchantement soudain de la banalité devenue cristal et blancheur.
Comme une tentation de pureté mortelle.
Et nos pas déchirant tant d'étoiles minuscules et glacées descendues sur la terre, jusqu'où pourraient-ils s'en aller, sur ces chemins sans vie où s'efface leur trace ?
Jusqu'à quelle solitude éternelle et intacte, vierge de tout réveil, où dormir le coeur clos, dans un lit d'infini ?
Mais la rose, la rose colorée qu'impatiente le blanc,
la rose où se déplient, dans la soie imparfaite
des pétales frissonnants où froufroute le temps,
les ailes encore froissées des printemps à venir.
La rose qui s'égoutte de tout son poids d'hiver.
La rose qui s'ébroue en grimpant sur sa tige.
La rose à la recherche de son chemin d'épines.
La rose aux yeux ouverts comme l'oiseau du nid.
Imparfaite et vivante. La rose sous la neige.