Camden

Publié le par Carole

Camden
J'ai appris que Camden market avait brûlé.
Camden... Camden Lock, le grand marché cosmopolite des chiffonniers de Londres, ravagé aujourd'hui par les flammes comme le fut jadis la City.
 
J'y étais allée l'année dernière, sans y prendre grand intérêt.
Un immense indien de plastique couleur métal, un Mohican de foire, gardait l'entrée de je ne sais plus quelle boutique à pacotilles. Je suppose qu'il a fondu dans la chaleur de l'incendie, ou bien qu'il gît, couvert de suie boueuse, abattu par la lance des pompiers, sur un grand lit de cendres.
Je l'avais photographié parce qu'il était tellement kitsch. Et voilà qu'il est devenu si beau, si imposant, sur la photo d'alors, maintenant que Camden a brûlé.
 
C'est toujours si troublant, quand ce qui nous avait semblé laid, insignifiant ou ridicule, se met à devenir précieux, en émergeant des cendres de tout ce qui n'est plus.
 
Cette statue de foire, à l'entrée du marché incendié, si naïve autrefois dans son mauvais goût colossal, mais si noble et si grave, aujourd'hui qu'elle garde impuissante un tas de ruines noires.
Ces chansons ridicules des yéyés d'autrefois, qu'on ne peut plus entendre, à la radio, sans que le coeur se serre.
Ces vieux films de famille où les gens sont trop gros et nous font des grimaces - et on en pleurerait.
 
On devrait toujours y penser, lorsqu'on est tenté par le mépris. 
 

Publié dans Divers

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Revoir le passé à la lueur du présent, hélas incendié.
Répondre
M
Ou comment les images ravivent nos souvenirs et relativisent le présent!
Répondre
G
il était pourtant beau et imposant cet indien
Répondre
Q
Tout est déjà écrit... moi aussi, j'aime ta page.<br /> Merci pour tes mots, Carole. Ils font réfléchir.
Répondre
A
Comme notre regard change... Sur notre ennemi terrassé nous ne jetons plus qu'un regard de compassion...
Répondre
P
Je ne le trouve pas laid, cet indien, ou alors c'est toi qui l'as mis en valeur. Mais kitsch ou pas, il a subi une triste fin...
Répondre
A
Pas plus que dans le roman original de Fenimore Cooper, "cerf agile", le dernier des Mohicans n'a pu sauver son peuple du massacre ... Le général Alzheimer viendra-t-il à bout de nos plus chers souvenirs comme des pires ? Pour l'instant on a encore quelques films à visionner avant d'avoir épuisé la saga, profitons-en ! ;-)
Répondre
A
Ton regard n'était pas méprisant, je crois que tu t'étais contentée de poser un regard gentiment moqueur sur le géant de pacotille. Nous regrettons à postériori la disparition du beau et du laid parce qu'ils font partie de la vie et que nous l'aimons, cette vie.
Répondre
J
Oui lu cela sur le net... après la tour d'appartement, décidément... Ca me rappelle l'Innovation à Bruxelles en 67, ma mère y était allée avec sa soeur bruxelloise huit jours avant ! Cet indien "mort" dedans, peu aimé, tu t'en souviendras avec une larme à l'oeil...
Répondre