Café des Ami

Publié le par Carole

Café des Ami
Au café des Amis, chaque soir après le travail, ils tapaient la belote en repeignant le monde en rouge, en vert, en beau.
Puis la retraite est venue. Eux, ils ont continué à venir au café des Amis, à taper la belote tous les après-midis, à repeindre le monde, en rose et en vert pâle, en pas si mal.
Puis quand la mort s'est invitée, ils sont encore venus, après les enterrements, ceux qui restaient, pour taper la belote, et repeindre le sombre en gris, en pas si noir.
 
Jusqu'à ce qu'à la fin il reste seul, le dernier des Amis. 
Alors le Temps lui-même, le Temps qui jamais ne se trompe et connaît ses accords, de son pinceau tranquille, lui a repeint l'enseigne, au singulier, rien que pour lui. Avant que le patron lui aussi ne disparaisse, et que le café des Ami, vendu et revendu, ne reste là, fané et déserté, à attendre, tout seul, on ne sait quoi, on ne sait qui ne viendra plus, comme un vieil homme sur le trottoir.
 

Publié dans Fables

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Une belle fable sur ce qui se passe dans la vie quotidienne mais aussi dans la vie spirituelle. Plus on approche de l'ultime porte plus on est seul, face à soi même. Merci pour ce textes et d'autres qui précédent.
Répondre
J
Il y a la nostalgie, puis le désespoir de rester le dernier. Je n'aimerais pas être celui là ! Tu parles des choses de la vie avec tant d'élégance Carole ! Bonne soirée à toi. Amitiés. Joëlle
Répondre
Q
J'aime beaucoup ta page, Carole.<br /> Parfait accord entre mots et images, émouvant moment.<br /> Merci.
Répondre
M
Tout est joliment dit.. la vie est passée, pour ce cercle d'amis!<br /> Merci Carol
Répondre
M
Une jolie interprétation de cette photo. Elle me fait penser à la chanson de Brassens "les copains d'abord". Et également à la partie de carte après le décès de Panisse. Ah! cette chaise vide! <br /> Le Temps passe et nous avec... <br /> Je trouve très émouvantes ces enseignes d'une épicerie, d'un bar, d'une mercerie , défraîchies, fanées, dont les propriétaires, les clients s'effacent eux aussi ...<br /> <br /> Merci Carole.<br /> Je ne reçois plus ta news, comme celle de beaucoup d'autres.
Répondre
C
Moi non plus je ne reçois plus grand chose. Il y a encore eu une "nouvelle version" d'OB, j'ai l'impression, car je constate bien des changements dans l'administration du blog.
M
Ce café-là, rempli de fantômes, aurait bien plu à Verlaine, Rimbaud et aux vilains bonshommes!
Répondre
F
Le temps assassin nous laisse démuni et si ce petit coin de table du café des ami n'est plus, espérons qu'une autre âme vienne le rajeunir et accueillir d'autres amis si ceux là, ne jouent pas aux jeux vidéos!!! Bisous Fan
Répondre
R
Une lettre parfois s'en va, puis deux, parfois trois.<br /> Et avec elles, la vie ...
Répondre
A
Quelle belle rêverie sur un "s" effacé... !
Répondre
A
Chaque photo a une histoire, encore faut-il la trouver et la donner à partager. La vôtre est aux couleurs de la tendresse, elle est vibrante de vérité.
Répondre
A
Brassens aurait très bien chanté ce beau texte en vert et gris..
Répondre
L
J'aime beaucoup cette tendresse habillée de poésie, cette nostalgie, enrobée d'un jeu de couleurs bien parlant ...
Répondre
J
Ah j'avais remarqué aussi, Ami sans S... vrai qu'un jour il en reste un avec le temps qui passe, les amis trépassent et le café, vieux café, plus qu'un souvenir dans le quartier, merci Carole...
Répondre