Les loges

Publié le par Carole

Réfugiés installés dans les loges du théâtre municipal du Pirée en 1923 - Exposition "Icônes, trésors de réfugiés", octobre 2016, musée du Château des Ducs, Nantes.

Réfugiés installés dans les loges du théâtre municipal du Pirée en 1923 - Exposition "Icônes, trésors de réfugiés", octobre 2016, musée du Château des Ducs, Nantes.

A l'exposition "Icônes, trésors de réfugiés" du musée du Château, à Nantes, on pouvait remarquer cette étrange et terrible photographie - mais qui la remarquait ? elle était si fanée et si trouble... 
Des réfugiés grecs, rapatriés de Turquie après le traité de Lausanne en 1923, installés dans les loges du théâtre du Pirée, à Athènes, posent, debout et droits, devant l'objectif d'un photographe nécessairement situé sur la scène
 
Toute photographie, on le sait, est une image inversée qui dispose les choses et les êtres à leur place éternelle. Aussi était-il nécessaire que les acteurs deviennent spectateurs de leur propre tragédie, et que le photographe faiseur d'image endosse pleinement son rôle d'acteur et de metteur en scène.
Car, si les grandes souffrances des peuples n'ont aucun sens, et vont se perdre dans un chaos indicible dont les humains ne tirent jamais leçon, il importe cependant, il importe par-dessus tout, qu'on ne les oublie pas, et qu'elles se transmettent, de mémoire en mémoire, selon les règles antiques et parfaites de la tragédie.

Publié dans Nantes

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D
Vous avez raison, cette image est terrible. Et aussi un peu dérisoire. Raconte t-elle toute la misère de ces gens. Notre volonté de ne rien voir? C'est peut-être pour ça que personne ne la remarquait. Notre volonté consciente ou non de ne pas voir....
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C
Il nous faut briser le "quatrième mur" qui nous isole du réfugié.
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M
effrayante en effet cette inversion des rôles, on est dans le grand cirque de notre societe actuelle où tout et son contraire peut se produire!
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N
Comment souvent chez toi, il y a l'image - ici cette poignante photo, et l'interprétation symbolique et poétique que tu en fais. Un effet d'abîme qui donne le vertige, et fait réfléchir.
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J
Si seulement, "ne pas oublier" pouvait rimer avec "en tenir compte et en tirer leçon" ! Bonne soirée Carole. Amitiés. Joëlle
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A
Un témoignage que l'on rapproche de la situation actuelle, évidemment. Je me demande si nous sommes des spectateurs très assidus et ce qui est certain, c'est que nous sommes de piètres acteurs, en ce sens que nous n'agissons guère...
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Q
Ne jamais oublier... et pourtant, nous ne tirons jamais de leçons du passé, comme s'il n'avait jamais existé.<br /> Tu as tellement raison !<br /> Merci de nous le rappeler ici.
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R
À la fin du XXème siècle, sous la direction de Pierre Nora, parut en plusieurs gros volumes un ouvrage magistral intitulé "Les Lieux de mémoire".<br /> Souvent depuis que je vous suis sur ce blog, Carole, et peut-être plus particulièrement avec le présent article qui fait écho à une situation contemporaine dramatique, je me suis dit qu'à votre manière, grâce aux photographies que vous réalisez pour accompagner vos réflexions philosophico-poétiques, vous effectuez à vous seule un travail de mémoire aussi important que celui des contributeurs associés à Pierre Nora dans l'entreprise éditoriale que je citai à l'instant.
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C
Merci Richard. Et savez-vous ce que je me dis lorsque je reçois un compliment "trop grand pour moi" ? - "Eh bien , je vais travailler à le mériter, maintenant..."
A
Deux de tes phrases m'interpellent :<br /> "Toute photographie, on le sait, est une image inversée qui dispose les choses et les êtres à leur place éternelle"<br /> "si les grandes souffrances des peuples n'ont aucun sens, et vont se perdre dans un chaos indicible dont les humains ne tirent jamais leçon"<br /> Et j'admire cette fois encore cette force d'âme qui te fait avoir un message fort et convaincant malgré l'absurdité et l'inconsistance des choses.
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J
D'hier comme d'aujourd'hui... le lieu change, mais on peut tjs faire les mêmes photos... de part le monde des hommes femmes et enfants connaissent encore l'exode... merci, JB
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