Le petit musée
C'était rue Clemenceau. Face au Grand Musée qu'on est en train de nous rebâtir sur l'ancien musée des beaux arts.
Il était passé là, l'homme au sourire du dimanche... et il y était allé de son petit graffiti timide - si pâle, si léger, que la première pluie en essuierait le charbon d'écolier. Car il n'abîme rien, l'homme aux fusains du dimanche. Il n'est pas de ceux qui s'imposent, l'homme aux dimanches de la ville, juste de ceux qui posent et qui proposent.
Le Grand Musée le petit musée...
Mais qu'est-ce qu'un musée ? Sinon un lieu où proposer les oeuvres, pour que se posent les regards, pour que devant chacune on flâne et on s'arrête, que plus rien ne s'impose, et qu'on reste immobile un peu, à musarder en soi-même, dans la course incessante du monde.
Et lui, l'homme aux dimanches de la vie, que fait-il d'autre, ornant d'affiches et de messages tous les murs de la ville, que disposer pour ceux qui passent de quoi flâner et s'arrêter, et regarder et musarder, se reposant, tout doucement, dans le flux incessant de la ville ?
Le Grand Musée le petit musée. Et toujours le dimanche de l'art, quand le pas ralentit, quand le regard s'éveille et que la vie, enfin, se pose sur sa branche.