Affichage à but idéal
.
C’est à Lausanne et c’est réellement idéal.
On dessine une affiche. Il faut que ce soit pour vanter un projet qui ne rapporte rien, une belle idée, un joli spectacle, une histoire à ne pas dormir debout, un petit coin de Cocagne, un château en Espagne. Rien d’autre n’est permis que ce qui ne saurait se compter dans les comptes. Rien que ce qui se conte.
Quand on a bien passé l’affiche au bleu du rêve, on la recouvre de cette poudre colorée d’étoiles qui change en papillons les ailes du courage.
On ne la colle pas. On la fait tenir par les coins très provisoirement avec de l’adhésif à paquets.
Car il faut que l’idée puisse voler librement et aller où elle veut comme lettre à la poste.
Le panneau sur lequel on la pose est un peu en hauteur. C’est mieux que les passants aient à lever un peu la tête. C’est mieux aussi que les oiseaux puissent y faire leur nid si elle leur chante.
Ensuite on attend quelques jours.
Le plus souvent, l’idée retombe sur le sol, épuisée, toute fanée.
De temps en temps, tout de même, il y en a une qui ouvre grand ses ailes et s’en va tourner quelque part, là-bas, de ce côté du ciel où le soleil se lève.
On ne saura jamais ce qu’elle deviendra.
Mais il est permis d’espérer.
Mais il est permis d’espérer.