La main qui s'ouvre

Publié le par Carole

La main qui s'ouvre
On nous l'a tant de fois affiché notifié rabâché : il ne faut pas pas du tout vraiment pas il ne faut PAS nourrir les pigeons.
Il ne faut pas les attirer, tous ces fauteurs de fientes, ces sales crépisseurs d'excréments qui souillent et rongent nos monuments. Oh, bien sûr, je suis d'accord ! Rien de plus vrai rien de plus juste rien de plus nécessaire.
Mais comment les convaincre, eux, les distraits les rêveurs, ceux dont la main, sans bien savoir ni pour quoi ni pour qui, s'ouvre toujours pour donner ?
 
Le geste de la main qui s'élance pour cogner sur l'intrus, c'est celui de la peur.
Le geste de la main qui se referme sur son bien, c'est celui du civilisé.
Mais le geste de la main qui s'ouvre et distribue, c'est le geste d'Eden, celui du premier homme, en paix avec lui-même et les oiseaux du monde. C'est le geste éternel, le geste primitif, que rien n'a pu effacer de tant de doigts distraits qui émiettent en rêvant le peu qu'ils ont en trop.
 
La main qui se resserre sur son quignon de pain se prépare à l'angoisse.
Et la main qui s'allonge pour chasser l'importun se prépare à la guerre.
Mais la main qui s'ouvre pour donner se prépare à semer.

Publié dans Fables

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