Coeur d'os
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On voit cela souvent. Un arbre ouvrant son coeur au regard des passants. Et ce coeur est un mort, qui soutient l'arbre vert.
Car c'est ainsi que grandissent les arbres : sur leur propre coeur d'os. Le tronc haut du vivant s'appuie sur le vieil os, qui réchauffe sa mort dans la fourrure d'écorce du vivant qui l'abrite. Aubier et duramen. Duramen et aubier.
Nous emportons nos morts en nous, ils soutiennent nos vies, ils sont les grands tuteurs où poser nos pensées, où faire grimper nos rêves.
Sans eux nous serions si petits. Arbustes nains, genévriers rampants.
Sans nous ils n'auraient jamais pu savoir qu'ils étaient arbres.
Ensemble nous cherchons ce chemin vers le ciel qui s'en va de la terre, passant par les nuages, courant par les orages, tout trempé de ces larmes dont on fait les bourgeons.