Proportions

Publié le par Carole

Proportions
-Nous sommes citoyens du monde ! disait l'un.
-Non, disait l'autre, car chacun est de son village. 
Je n'ai pas pris parti.
Ils avaient tous les deux raison.
 
Pas un village qui ne fasse en un jour le tour de sa planète.
Et pas une planète qui ne rencontre son reflet dans l'oeil doré d'un villageois.
Mais comment faire, pour être de partout en piétinant ici ? Comment marcher en bas et méditer d'en-haut ? Comment rester soi-même, quand la terre est aussi à tant d'autres ? Et comment ne pas craindre les autres, lorsqu'on n'est que soi-même ?
Comment donc les garder, comment les regarder, sous le soleil et par Saturne, les justes proportions qui mettraient en accord tous nos pas ?
 
Il y avait bien un chemin qu'on avait commencé, un chemin escarpé, pour relier au monde chaque petit village, et pour faire de ce monde un unique village. Un chemin difficile, un chemin exigeant, que l'on voulait nommer - cela me revient maintenant  : Humanisme.
Il n'était pas achevé, loin de là, il fallait y travailler toujours, s'y efforcer sans fin, y grimper âprement. Seulement il paraît qu'il fallait s'élever un peu trop, qu'on avait mieux à faire. Si bien qu'on l'a laissé se perdre, le grand chemin d'en haut, dans les vieux marécages des petits arrangements, dans les plaines vaseuses du conformisme lâche. 
Et qu'il s'est enfoncé dans la boue de la peur, sous l'éboulis haineux des vociférations.
 
Mais il doit forcément en rester quelque part une trace, une pierre à l'ébauche, une piste à petits cailloux.
Il est temps de nous mettre en quête.

Publié dans Fables

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