Sphère
Dans les Fleurs bleues de Raymond Queneau, Cidrolin dit que "les actualités d'aujourd'hui, c'est l'histoire de demain".
En effet. Mais cette actualité-là, l'histoire en train de se faire, on nous la raconte aujourd'hui en boucle, en une et sans répit, bien avant que les historiens, demain, ne nous l'écrivent au clair, en événements et en chronologies, en fiches et en programmes de baccalauréat. On nous la déroule et l'enroule en tant d'images et de récits que ce n'est pas simple, non, que c'est vraiment toute une histoire pour y démêler quelque chose.
Bien sûr, c'est parce qu'on est dedans. Perdu sous le flot des images et des mots qui partout nous poursuivent, à la télé, dans les journaux et sur le "Net". Comment voir clair au milieu de l'orage ? On ne perçoit plus rien, que ciels brouillés et horizons voilés, bâtiments près de s'effondrer, foules suivant d'incompréhensibles trajets, silhouettes déshumanisées qui rampent et qui menacent derrière de grands pans d'ombres.
On tente le recul, on s'écarte un moment pour regarder de loin, espérant savoir à la fin.
Mais sur la vaste sphère du monde, on ne peut pas bien lire, on ne distingue encore que des formes étranges, des perspectives déformées, des foules qui attendent, beaucoup d'obscurité. Tout cela est trop loin, mobile et mystérieux, sur la sphère illisible. On s'en revient dedans, que pourrait-on faire d'autre ? Dans l'orage incessant de nos écrans en boucle et de l'histoire en une. Et de nouveau le sens le sens le sens le sens et l'avenir échappent. Et c'est cela, je crois, bien plus que le danger qui affole qui fait peur.
Mais sur la vaste sphère du monde, on ne peut pas bien lire, on ne distingue encore que des formes étranges, des perspectives déformées, des foules qui attendent, beaucoup d'obscurité. Tout cela est trop loin, mobile et mystérieux, sur la sphère illisible. On s'en revient dedans, que pourrait-on faire d'autre ? Dans l'orage incessant de nos écrans en boucle et de l'histoire en une. Et de nouveau le sens le sens le sens le sens et l'avenir échappent. Et c'est cela, je crois, bien plus que le danger qui affole qui fait peur.