L'empreinte
Sur la portière de la camionnette, père Peinard il fumait en malice son petit air de n'être jamais mort.
Sans plus rien de visage que le sombre contour des cheveux, la courbe mince d'une moustache, et sa pipe à chanter. Sans sa guitare perdue.
Mais reconnaissable entre tous. En un instant reconnu.
Il était là devant moi, comme une empreinte nette et charbonnée de frais.
Une trace de mémoire menant sans un zigzag, sur le sable de Sète, à ces refrains mille fois partagés qui dansent dans nos vies et guident nos pensées.
Il y a des gens comme cela. Qui ont seulement l'air de chanter et de fumer la pipe. Et qui laissent derrière eux, en s'éloignant vers la mer qui les happe, sur le sable vivant de nos coeurs, une tranquille, une profonde empreinte. - Une empreinte ? Non, je l'entends qui me pince sans rire, bon plaisantin des grands champs de là-bas : un sillon !