Epitaphe
Et ce matin...
devant l'arrêt du bus, lui ou un autre, son frère ou lui...
troussé retroussé détroussé par la mort...
lui ou son frère, un autre ou lui, en peau de lapin sur le bord de la route, et pour seule épitaphe un rayon de soleil attristé...
il m'a fallu le reconnaître comme on reconnaît à la morgue un proche assassiné.
Les hérissons traversent les routes, la nuit, à pas de hérissons, tandis que sur ces routes les humains se ruent au galop des moteurs.
C'est ainsi.
Il paraît que les hérissons ont tort d'aller au rythme de la terre, qui est celui du pas hésitant des bêtes, et de la nuit venant après la lumière.
Puisqu'ils en meurent.
Et que les humains ont raison d'aller au rythme de leur seul désir.
Puisqu'ils n'en meurent pas encore.