L'autre
Souvent, on voit cela, dans le tronc des très vieux arbres : un arbre de bois mort, emprisonné dans l'arbre vivant. Cadavre du jeune arbre mangé de capricornes, enchâssé comme un os dans le corps du vieil arbre encore vert.
Et je me dis que vieillir, ce n'est pas autre chose. Grandir sur celui qu'on n'est plus, l'ensevelir en soi-même. Puis dans la douleur de l'avoir perdu, de l'avoir tué peut-être, continuer, continuer, sans lui - toujours avec lui pourtant.
Etre soi-même et l'autre, toujours l'autre, celui qui est mort, mais qu'on porte à jamais en soi, à moins que ce ne soit lui, toujours lui, qui nous porte plus loin.