Le dieu dans l'arbre
On l'avait tronçonné étêté amputé retaillé et scalpé... et, contre toute attente, on avait libéré le dieu qui se cachait dans l'arbre.
Etirant dans l'air bleu ses grands bras engourdis aux paluches de gorille, humant le ciel de ses naseaux d'ours, secouant sous le soleil sa tignasse de porc-épic, tandis que craquait dans la mue son écorce d'iguane, il hésitait encore, entre sommeil et jour, à ouvrir ses yeux clos de tortue paresseuse.
Bientôt il bondirait, emportant dans ses bois des feuillages et des nids, comme un renne de l'année.
Un dieu, je vous dis, un dieu, planté en vieux totem dans le champ du printemps, prêt à prendre sa course pour l'éternelle résurrection.